Deborah Chow n'a pas opté pour la légèreté avec son premier long métrage intitulé The High Cost of Living, un drame entièrement filmé à Montréal qui devrait prendre l'affiche à la fin de l'année 2010 ou au début de 2011.
Tourné principalement dans la langue de Shakespeare, le film met en vedette l'acteur américain Zach Braff, reconnu pour son rôle de Dr John «J.D.» Dorian dans la série Scrubs, ainsi que deux talents bien de chez nous, Isabelle Blais et Patrick Labbé.
Qualifié d'intense par la réalisatrice, une Torontoise d'origine qui a développé un profond attachement pour Montréal après avoir étudié à l'Université McGill, le film complétait lundi sa 19e et avant-dernière journée de tournage.
«J'ai toujours aimé Montréal. Peut-être que c'est parce que je suis devenue une adulte ici, explique la réalisatrice qui signe aussi le scénario du film. J'ai vu plusieurs films tournés ici qui ne mettaient pas nécessairement la ville en valeur. C'est pour cette raison que j'ai voulu montrer différents quartiers comme le Plateau Mont-Royal, le Mile End et le Quartier chinois. Tourner à Montréal un film bilingue, qui met en vedette une Québécoise dont la langue maternelle est le français, je trouvais que c'était tout à fait naturel.»
«Mon personnage parle anglais dans le cadre de son travail, ce qui n'est pas rare aujourd'hui. Ce qui est plus rare, ce sont les rôles de Québécoises qui doivent s'exprimer en anglais, affirme Isabelle Blais, qui confie avoir eu de la facilité à s'adapter à cet aspect de son personnage puisque son conjoint est anglophone. C'est certain que j'ai travaillé un peu mon accent, mais ce n'était pas nécessaire de le perdre complètement.»
Une histoire tragique
The High Cost of Living raconte l'histoire de Nathalie (Isabelle Blais), une jeune femme qui se fait happer par une voiture alors qu'elle est enceinte de huit mois. Laissée à elle-même sur le lieu de l'accident, Nathalie se réveillera à l'hôpital en apprenant le décès de son bébé. Son mari (Patrick Labbé) sera incapable de gérer la douleur occasionnée par la tragédie et ne pourra lui offrir le support dont elle a besoin.
C'est à ce moment qu'entre en scène le personnage de Henry (Zach Braff), le conducteur responsable de l'accident, qui, pris de remords, tentera de retrouver sa victime afin de savoir l'ampleur des dommages causés par son geste. Sans lui révéler son secret, il se liera d'amitié avec Nathalie qui trouvera en lui un homme empathique, drôle et quelque peu excentrique.
«Certaines scènes sont vraiment intenses, affirme sans hésiter Isabelle Blais qui, au moment d'accepter le rôle, n'avait pas encore vécu sa grossesse. Disons que je suis contente que le tournage ait été reporté, parce que j'aurais pu être véritablement enceinte à ce moment-là. Le sujet est lourd, alors je rentre chez moi très fatiguée. Par contre, le fait d'être mère m'aide beaucoup dans mon rôle, parce que je comprends l'émotion rattachée à un bébé.»
Un scénario réussi
Bien que lors du tournage, les acteurs aient souvent blagué sur le fait qu'ils devaient encore une fois participer à une scène triste, Isabelle Blais et Zach Braff affirment tous les deux que c'est le scénario de Deborah Chow qui les a poussés à s'associer au projet.
«J'ai vraiment été touché par le scénario, parce que je trouvais qu'il était très bien construit pour quelqu'un qui s'apprêtait à tourner son premier long métrage, a confié Zach Braff qui en est à son deuxième tournage dans la métropole, le premier étant pour le film The Last Kiss paru en 2006. En plus, c'est le genre de film que j'aime aller voir.»
«C'est l'histoire d'une amitié impossible. Il essaie de se racheter, de réparer ce qu'il a fait. J'ai trouvé que c'était un scénario très intéressant et très touchant, a expliqué Isabelle Blais. Il y a peu de scénarios qui me font dire "wow", mais celui-là était vraiment bien écrit.»
Pour celui qui a réalisé, scénarisé et produit Garden State, dans lequel il tient aussi un rôle aux côtés de Nathalie Portman et Peter Sarsgaard, le fait de devoir simplement agir à titre d'acteur dans un film constitue désormais un défi.
«C'est difficile, car quand tu fais un film, ça implique automatiquement que tu dois avoir une opinion sur tout. Ça me rappelle un peu l'époque où j'allais à l'école et qu'on me demandait de faire un travail en équipe... Je demandais toujours au professeur si je pouvais le faire seul, a déclaré Zach Braff avant d'éclater de rire. Lorsque je travaille avec d'autres réalisateurs, je dois me dire que ce n'est pas mon film et que je n'ai pas à me mêler de tout. De toute façon, Deborah fait un travail magnifique.»