

Comme prochaine projection à la Cinémathèque québécoise, Éléphant est heureux de présenter un des films québécois les plus aimés et encensés de son histoire : Les bons débarras (1980), réalisé par Francis Mankiewicz à partir d’un scénario écrit par Réjean Ducharme. La projection aura lieu le lundi 16 juin à 18h et constitue une belle chance de voir sur grand écran la version restaurée de ce drame de mœurs sorti en salle il y a 45 ans déjà.
Dès sa sortie, le film a conquis le public et la critique. Il a d’ailleurs reçu huit prix Génie, dont ceux du meilleur film, du meilleur scénario et du meilleur réalisateur. Dans le journal Le Soleil du 22 mars 1980, Louis-Guy Lemieux commence son article avec une pluie d'éloges :
«Comment dire toute la grandeur et l'importance de ce film? De quelle façon insister sans tanner, pour dire à tous ceux qu'on aime qu’il faut absolument voir "Les bons débarras" parce que c'est d’une beauté et que du cinéma comme ça, il ne s'en fait pas souvent et pas partout. Pour la première fois, on a envie et on peut dire: le meilleur cinéma au monde, c'est le cinéma québécois.»
Située dans un milieu rural plutôt étouffant, l’action des Bons Débarras tourne autour d’une famille dysfonctionnelle où le père est absent. Les différents personnages que l'on suit, majoritairement marginaux ou déclassés, évoluent sans artifices dans une lumière bleutée agrémentée de touches poétiques. Le charme unique de l’univers de Réjean Ducharme prend ici vie grâce à la réalisation sensible et contrastée de Mankiewicz et à la photographie exceptionnelle de Michel Brault.
Dans Le Devoir du 1 mars 1980, Francis Mankiewicz parlait du coup de cœur qu’il avait ressenti à la lecture du scénario de Ducharme. Il affirmait aussi son intérêt pour la fiction et son désir de s’éloigner de la tradition documentaire québécoise au profit de l’émotion :
«Je lis beaucoup de scénarios, certains sont excellents, mais ils ne me touchent pas, il fallait qu’il y ait quelque chose de plus. J’avais même pas terminé la lecture du scénario de Réjean X que je savais déjà que c’était exactement ce que je cherchais. Je savais qu’avec ce scénario, je pourrais faire le film que je sentais de la même façon que si j’avais écrit le scénario moi-même. (…) J’aimais l’émotion et l’intensité des personnages, surtout de Manon (la petite fille de 11 ans). Elle rêve d'un lieu privilégié, d’une île déserte où elle pourra vivre ses amours en paix. Son désir est absolu, implacable, pas négociable, c’est pas raisonné ou réaliste.
«Moi non plus j’avais pas envie de faire un film raisonné ou réaliste. Je m’inspire de la réalité, mais je ne fais pas un document sociologique sur un milieu ou une famille. Les reproductions de la réalité ne m’intéressent pas. Je n’ai pas fait l’École de l’ONF, j’ai toujours été fasciné par la fiction, par l’expression dramatique, par la communication, non pas des faits mais des émotions.»

Comment parler des Bons Débarras sans mentionner la saisissante performance de Charlotte Laurier, la rebelle et fougueuse Manon à l’amour possessif qui donne tant de mal à sa mère, incarnée par Marie Tifo? Son personnage machiavélique, au centre du film, a fortement marqué les esprits à une époque où il y avait moins d’enfants dans notre cinéma.
À la frontière de l’adolescence, l’enfant terrible prend tous les moyens pour s’assurer de l’amour de sa mère. Elle la met à l’épreuve, teste ses limites, dépasse les bornes, n’hésitant pas à lui mentir pour éloigner un amoureux et faire le vide autour d’elle.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce rôle a été une expérience exceptionnelle pour la jeune comédienne. Sa réponse à la question Ce que j’aimerais que l’on retienne de moi? posée lors d’un entretien en 2008 est éloquente : «Ce que les gens disent toujours! Les bons débarras… C’est la chose la plus belle qui m’est arrivée. (…) Je crois que c’est le plus bel héritage que je pouvais laisser à mes filles.»
Au cours de cet entretien, où elle a présenté le film, elle nous a raconté comment elle en était venue à obtenir le rôle :
«Je prenais un cours de danse sur la rue De La Roche. Une femme qui faisait du casting s’est présentée au cours. Elle a pris nos noms, nos coordonnées, tout ça, et c’est comme ça que j’ai été appelée à auditionner pour Les bons débarras. Le souvenir que j’ai, c’est que ça a été plusieurs auditions. Au départ on était 200, à la fin on était 3. Il y avait Lise Abastado qui était là, qui était l’assistante réalisatrice de Francis, qui a insisté pour que je revienne en audition. Elle trouvait que j’avais quelque chose. C’était pas nécessairement naturel du premier coup! (…) Elle sentait que j’avais quand même l’émotion qu’ils voulaient qui ressortait à travers un ton peut-être un peu faux. Elle me faisait revenir à chaque fois. Et puis finalement j’ai été très bien dirigée. J’ai travaillé très fort tout l’été le texte, je l’ai vraiment appris par cœur pour finalement tourner à l’automne.»
Les bons débarras est disponible sur notre site web, sur les plateformes de Vidéotron et sur l’app Apple TV.
SYNOPSIS
Dans une maison isolée vit une famille étrange : une mère qui a quelques liaisons amoureuses, son frère qui souffre de maladie mentale et sa fille Manon à l'amour possessif. Pour avoir droit à l'amour absolu de sa mère, Manon est prête à tout, quitte à s’opposer à celle-ci. Un film écrit par Réjean Ducharme qui nous plonge dans un univers à fleur de peau, riche et contrasté.
Les bons débarras

Charlotte Laurier présente le film Les bons débarras, parle de son expérience et nous raconte comment elle a été choisie pour le rôle de Manon.
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