Comme dernière projection de l’année, Éléphant est heureux de présenter la version restaurée d’Une histoire inventée (1990), un excellent film d’André Forcier qui fête ses 35 ans cette année. La projection aura lieu le 16 décembre à 18 h à la Cinémathèque québécoise en présence du réalisateur, qui répondra aux questions du public. La projection se veut aussi un hommage à Serge Fiori, qui nous a quittés cette année et qui signe la musique du film.
Comédie sentimentale empreinte de poésie et de l’humour typique de l’univers de Forcier, Une histoire inventée a été coécrit avec le regretté Jacques Marcotte, un grand ami du cinéaste qui a collaboré à bon nombre de ses films depuis son tout premier long métrage, Le retour de l’Immaculée Conception.
Le film a été présenté au Festival des films du monde et y a remporté le prix du meilleur film canadien. Il a aussi connu un beau succès en salle, attirant plus de 95 000 personnes.
Tant le public que les critiques ont salué les multiples qualités de cette œuvre à sa sortie, à commencer par ses interprètes principaux : Jean Lapointe, Louise Marleau, Charlotte Laurier, Marc Messier. Dans le journal Le Droit du vendredi 24 août 1990, Claude Daigneault rapporte les impressions du cinéaste sur son dernier effort:
«Le film a le rythme de L’eau chaude, l'eau frette et le naturalisme de Bar Salon, mais il y a plus de profondeur chez les personnages. lls sont québécois, mais pas ancrés dans la québécitude trop apparente. (…) On dit qu’on fait toujours le même film. C’est plus ou moins vrai: on fait toujours un film en réaction au précédent. Mais… c’est vrai… celui-ci est un film de maturité.»
L’amour est un des thèmes principaux d’Une histoire inventée. Un amour parfois tendre, parfois cruel, souvent impossible. Dans le même article du Droit, Claude Daigneault résume bien les particularités scénaristiques :
«Dans ce long métrage mis en image par un Georges Dufaux inspiré, Forcier joue avec les paradoxes. Gaston est bon trompettiste, mais n’attire pas les clients; Florence a tous les amants qu’elle veut mais ne peut séduire Gaston; Soledad est aimée de Tibo qui la trompe et est inconsolable; la pièce Othello serait jouée dans un théâtre vide si l'oncle du metteur en scène italien n’y amenait chaque soir les membres du club de l’âge d'or Palermo; Alys aime Slim mais ne peut le séduire à cause de ses principes religieux; le policier alcoolique Lentaignes est sauvé par son amour pour une ex-religieuse…»
Une histoire inventée peut compter sur la musique accrocheuse et bien ficelée de Serge Fiori, qui n’a que rarement composé de la musique pour le cinéma québécois. Dans l’entrevue de fond qu’André Forcier nous a accordée en 2020, il nous confiait que Fiori était un homme «ben simple à travailler, ben smooth.» Pour les besoins du film, il a même écrit une partition tout croche pour un trompettiste que le personnage de Gros Pierre (interprété par Marc Gélinas) joue dans le film.
Cette soirée festive constitue une belle occasion de voir ou revoir sur grand écran ce film qui a marqué le cinéma québécois au tournant des années 90!
SYNOPSIS
Gaston, un trompettiste sur le déclin, tombe amoureux fou de Soledad, une séduisante jeune actrice dont l’amoureux vient d’être infidèle. Continuellement suivie par ses 40 amants, sa mère, la belle Florence, est éprise de Gaston, mais ce dernier est indifférent à ses charmes. Il y aura compétition entre mère et fille, mais leur complicité reviendra après un dénouement tragique.