C’est avec grand plaisir qu’Éléphant présentera, le 9 septembre à la Cinémathèque québécoise, la version restaurée du premier long métrage réalisé par Micheline Lanctôt, L’homme à tout faire (1980). La projection s’inscrit dans un cycle qui lui est consacré, Micheline Lanctôt, tout son cinéma, et la réalisatrice sera présente pour l’occasion.
Passionnée d’abord par le dessin animé, Micheline Lanctôt a débuté sa carrière d’actrice grâce à Gilles Carle qui lui a offert de passer une audition alors qu’elle travaillait en animation. Elle s’est ainsi retrouvée à incarner Bernadette dans La vraie nature de Bernadette, un rôle emblématique qui lui a valu une reconnaissance jusqu’en France. Elle a ensuite enchaîné les tournages pendant toutes les années 70.
Celle qui avoue ne jamais avoir eu de plan de carrière et toujours dire oui quand on lui propose quelque chose est ainsi passée à la réalisation quand le producteur René Malo lui a offert de réaliser L’homme à tout faire. Elle en avait écrit le scénario alors qu’elle habitait en Californie. Il a été retravaillé afin de mettre de l’avant un personnage de Gaspésien (Jocelyn Bérubé) naïf qui tombe en amour avec toutes les femmes avec qui il travaille, est incapable d’établir ses limites et se laisse exploiter par ces dernières.
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Culture d'ici : entrevue de fond avec Micheline Lanctôt
Micheline Lanctôt nous raconte comment sa carrière d’actrice a pris son envol grâce à La vraie nature de Bernadette. Elle parle de quelques-uns de ses rôles marquants et nous dit comment elle en est venue à réaliser son premier film.
L'homme à tout faire
Bande annonce du film
Dans notre entrevue de fond réalisée avec elle en 2020, elle nous confiait avoir réalisé l’étendue de son ignorance du métier au premier jour de tournage. On peut donc dire que Micheline Lanctôt a appris la réalisation sur le tas!
Dans La Presse du 15 mars 1980, Luc Perreault, au cours d’une entrevue avec la cinéaste, rapportait ce qu’elle avait vécu:
«Les cinq premiers jours de tournage furent pour elle un supplice qu'elle a vécu avec un sentiment de panique complète . Pour le change, elle se donnait des airs d'autorité comme une «pro». Pour l'avoir vue à Cannes au cours d'une conférence de presse mouvementée à la suite de la projection de La vraie nature de Bernadette, je la sais capable de prendre le taureau par les cornes.
"J’ai appris vite. En quatre jours. Je demandais des conseils à la monteuse pendant les rushes. Après cinq jours, ça s’est placé. Les rushes sont devenus très beaux. J'avais la fale très basse parce que je réalisais l'étendue de mon ignorance. Je me disais : 'mais, quelle arrogance d'aller là sur un plateau et de dire aux gens quoi faire!' Le pire, c'est que je savais exactement ce que je voulais. Le scénario, je l'avais écrit. Ça me frustrait de ne pas pouvoir expliquer clairement comment ça devait être tourné parce que je ne voyais pas clairement moi-même le découpage technique."»
L’homme à tout faire a connu un certain succès en salle, tenant l’affiche pendant 2 mois, et a été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes.
Si les critiques ont été partagées au sujet du film, on peut indéniablement dire qu’il a permis à Micheline Lanctôt de faire ses premières armes dans le domaine et lui a donné envie d’en réaliser un deuxième, Sonatine, qui a gagné le Lion d’argent à la Mostra de Venise. Après L’homme à tout faire, elle a développé ses talents autant devant que derrière la caméra, affirmant aussi être devenue une meilleure actrice grâce à la réalisation.
Synopsis
Un homme quitte Rimouski avec un ami pour aller travailler à Montréal. Sa naïveté et sa galanterie d'un autre âge sont à l'origine de nombreux déboires sentimentaux, tout particulièrement lorsqu'il s'amourache d'une belle bourgeoise habitant en banlieue dont il est l'homme à tout faire.