C’est avec plaisir qu’Éléphant présentera la version restaurée de Kalamazoo, une comédie fantaisiste romantique d’André Forcier sortie en salle en 1988. La projection aura lieu le lundi 11 août à 18 h à la Cinémathèque québécoise en présence du réalisateur et de Rémy Girard et s’inscrit dans le cycle Démons et merveilles de l’institution.
Faisant suite à Au clair de la lune (1983), Kalamazoo nous plonge dans un étrange univers situé à la frontière de la réalité et du fantastique. Le film a pris plusieurs années avant de voir le jour et a beaucoup fait jaser avant même sa sortie en salle. La production a connu quelques difficultés, entre autres avec le coproducteur privé (le film a été coproduit avec l’ONF). Dans La Presse du 5 novembre 1988, Serge Dussault rapportait les paroles du réalisateur :
« On jugeait Kalamazoo sans l'avoir vu. On a prétendu que je reniais le film. J'ai fait des erreurs mais je suis prêt à défendre mes choix esthétiques. Je pense que c'est un film qui va au coeur du drame de l'homme québécois. Un film sur la soif d'amour... Si on s'attend à revoir L’eau chaude l'eau frette avec mon humour vitriolique, comme on a dit, c'est se mettre sur une mauvaise track.
Le nerf central de mon œuvre, ce n'est pas mon ironie. Et, contrairement à ce que d’autres ont insinué, je ne méprise pas mes personnages. Au contraire, j'essaie de les faire comprendre, de les faire aimer même s'ils sont assassins. »
Les personnages dont parle André Forcier sont ici joués par de grands interprètes de notre cinéma : Rémy Girard, Marie Tifo, Tony Nardi et Gaston Lepage. Ils donnent vie à une histoire qui, de l’avis de tous, est plutôt difficile à raconter. Même le synopsis nous laisse avec une étrange impression de rêve éveillé :
À force de trop vouloir aimer, Félix Cotnoir est encore puceau à 68 ans. Mais qu'à cela ne tienne, le voici amoureux de la maîtresse de son ami, une romancière dont il n'a vu que la photo sur la couverture de son roman Kalamazoo où elle était déguisée en sirène. D'un fantasme et d'une aventure à l'autre, c'est d'une véritable sirène que Félix Cotnoir deviendra amoureux. Un film à la frontière du plausible et de la folie, du désespoir et de l’humour, du sublime et du grotesque.
Vidéos
Kalamazoo
Bande annonce du film
Dans Le Devoir du 19 novembre 1988, France Lafuste résume bien ce que l’on peut ressentir après avoir vu le film :
Kalamazoo, c’est une fable moderne pour qui voudrait rajeunir d’amour, vivre les palpitations des premiers instants et réapprendre à aimer. (…) Rêve éveillé ou réel transfiguré ? À vrai dire, on ne sait jamais trop. Forcier joue constamment sur la ligne ténue qui sépare les deux mondes. Autant de données qui font de Kalamazoo un film original, joyeux, inattendu et délicieusement trompeur.
S’il n’a pas conquis la critique et le public de façon unanime, Kalamazoo a tout de même remporté le prestigieux prix L.-E.-Ouimet-Molson du meilleur long métrage québécois, remis par l’Association québécoise des critiques de cinéma.
La projection du 11 août sera une belle occasion de vous faire votre propre idée sur ce film issu de l’imaginaire d’un des cinéastes les plus audacieux de notre septième art.