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Projection de La tête de Normande St-Onge le 3 novembre à la Cinémathèque québécoise

Publié le 21 octobre 2025

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La tête de Normande St-Onge
La version restaurée de La tête de Normande St-Onge sera présentée en présence de Carole Laure le 3 novembre à la Cinémathèque québécoise.

C’est avec beaucoup de plaisir qu’Éléphant présentera, le 3 novembre prochain à la Cinémathèque québécoise, la version restaurée de La tête de Normande St-Onge, un drame psychologique de Gilles Carle sorti en salle en 1976 et présenté à Cannes à la Quinzaine des cinéastes la même année. La projection aura lieu à 18h en présence de Carole Laure, qui brille particulièrement dans cette œuvre unique en son genre.

Au milieu des années 1970, Gilles Carle était au sommet de sa créativité. Ses films, qui témoignaient d’un imaginaire audacieux, marquaient les esprits.  La tête de Normande St-Onge aborde des thèmes qui sont encore aujourd’hui très contemporains. Il y est question de la condition féminine et de la folie, ou plutôt, comme le disait Carle, de la tentation de la folie… On est plongé dans un monde sensible, charnel et dramatique où la folie et la réalité se confondent.

À sa sortie, le film a été reçu avec beaucoup d’éloges.  Dans les résumés de l’époque, on parle du grand talent de Gilles Carle, d’un traitement de l’image qui enchante, d’un film à voir absolument. Dans le Télé-radiomonde du 1er novembre 1975, on affirme même que La tête de Normande St-Onge est un film différent de tout ce qui s’est fait au Québec jusqu’à maintenant, rien de moins! Carole Laure confie que le tournage l’a changée et l’a amenée en des zones de jeu insoupçonnées où elle s’est complètement abandonnée.

Dans le journal Le Soleil du 8 novembre 1975, Gilles Carle, en entrevue avec Claude Daigneault, décrit sa démarche et commente le fait qu’il était à l’époque un des réalisateurs québécois qui connaissait le plus de succès avec ses films en France.

Il réfute l’idée que ses films fonctionnaient à Paris parce que le public parisien avait alors un faible pour le joual.

«Mes films sont sortis en même temps que d'autres films québécois et ils sont les seuls à avoir marché, comme ils ont marché en Inde et en Amérique du Sud, par exemple. C'est une question de communication et de référence, pas de langue.  Le malheur c'est que trop de nos films se référaient à des problèmes très locaux. On peut se référer à des choses locales, mais à l'intérieur d'une histoire qui atteint l'universalité. C'est ce que faisait La mort d'un bûcheron, je crois.  L'affaire de la langue, c'est un faux problème créé par la bourgeoisie intellectuelle pour arriver à nous faire faire des films propres et bourgeois. (…)

«Je suis fatigué d'un cinéma québécois qui s’arrête avant le délire. On s’arrête au complexe d’Œdipe. On s'arrête dans le social en croyant que ça explique tout.»

La projection du 3 novembre sera une belle occasion pour le public de voir le film sur grand écran et d’entendre Carole Laure nous parler de ce rôle auquel elle s’est tout de suite identifiée.

Nous vous laissons en terminant sur cet extrait d’une entrevue accordée à Luc Perreault et parue dans La Presse du 1er novembre 1975 :

LP : Pour la préparation de "La tête de Normande St-Onge”, tu as collaboré même au niveau de la rédaction du scénario. Finalement tu as été plus que la comédienne de Gilles Carie, tu as été vraiment son inspiratrice.

CL : Oui, mais c’est un peu normal. On vit ensemble maintenant. Je suis comédienne, il est metteur en scène. On ne peut pas ne pas s’influencer. On ne parle que de cinéma ou pratiquement. Ce ne serait pas normal si c’était autrement. Lui sortait d’une mauvaise expérience avec "Les corps célestes", moi, je sortais d'une mauvaise expérience avec "Sweet Movie’’.

Je te jure que j’avais un besoin tel de faire un bon film, tu peux pas savoir. J'avais le goût d’incarner une fille que je connaisse, qui me touche. Normande St-Onge, je la connaissais à un tel point que j’aurais pu inventer des scènes entre les scènes du scénario. J’aurais pu réagir en Normande St-Onge tout le temps. C'était la première fois que je tournais un film sans jamais ouvrir mon scénario. Le matin du tournage, je suis arrivée en Normande St-Onge. Je la connaissais.