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Trop de paperasse

Cinéma québécois

Publié le 14 décembre 2009
© Journal de Montréal / Michelle Coudé-Lord - L'actrice Carole Laure et le nouveau PDG de la SODEC, François Macerola.

PARIS | Le cinéma québécois a bonne réputation en France. L'originalité de nos productions, tant cinématographiques que télévisuelles, fait des jaloux dans l'Hexagone. La Semaine du cinéma du Québec à Paris, dont la 13e édition a pris fin hier, est assurément utile et permet des échanges fructueux. Toutefois, on a senti la crise comme jamais. Et la lourdeur de notre bureaucratie, en l'occurrence Téléfilm Canada et la SODEC, pour les coproductions, a été vivement dénoncée. Trop de paperasse, bordel!
François Macerola, fraîchement arrivé à la SODEC, y est allé d'une déclaration très franche dès le début de la conférence.

«J'entends les doléances des divers pays francophones au sujet des coproductions avec le Québec. Ce sont les mêmes discours qu'il y a sept ans, alors que j'étais à Téléfilm Canada. Je vois que rien n'a changé. Là, il faudrait bien passer à l'action. J'arrive du Cirque du Soleil et on connaît sa recette gagnante pour l'international, donc je crois qu'on a assez parlé.»

Il a été applaudi et quelques heures plus tard, un comité sur les coproductions internationales était formé avec plusieurs grands producteurs d'ici, dont Denise Robert, Lorraine Richard et Roger Frappier. Le président promet un rapport avant le Festival de Cannes.

DEUX SOLITUDES


Aux dires des producteurs français, entre la SODEC et Téléfilm Canada, il y a un mur de réglementation. Comme l'a si bien fait remarquer la productrice Denise Robert, «c'est devenu un territoire de règlements tout à fait paralysants».

M. Macerola souhaiterait la mise en place d'un comité de la coproduction internationale, car c'est assurément la voie de l'avenir avec la crise du financement, bien sentie autant au Québec qu'en France, en Belgique et au Luxembourg.

En espérant maintenant que cette proposition donne réellement des résultats. On a nettement senti l'urgence chez les producteurs. Et il fallait voir sur le panel les fonctionnaires de Téléfilm Canada côtoyer ceux de la SODEC... On avait l'impression d'avoir sous nos yeux deux grandes solitudes. Le producteur, lui, doit faire face à cela, avec en prime d'autres règlements de Patrimoine Canada. Décourageant!

L'URGENCE D'AGIR

Quant au succès du cinéma québécois en France, disons que depuis C.R.A.Z.Y., il ne s'est rien passé.

De père en flic a sans doute un bel avenir chez nos cousins d'outre-Atlantique. Quand 450 Parisiens réunis dans une salle rient à gorge déployée en le visionnant, c'est un premier pas. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

Tenace, la productrice Denise Robert ne lâchera pas le morceau tant que son film ne sera pas en salles à Paris.

Mais les temps sont très difficiles en France actuellement: plusieurs producteurs ont perdu leur chemise, à tel point qu'une productrice comme Denise Robert, dont la réputation n'est plus à faire en France, peine à trouver preneur pour De père en flic.

LA BUREAUCRATIE: VITE AU PANIER


Du côté de la télé, on peut certes dire que notre télévision fait des jaloux en France. On dit que c'est un exemple à suivre. Deux réalisateurs font particulièrement parler d'eux et travaillent déjà pour des séries en France: il s'agit de Louis Choquette, qui a un beau projet sur le marquis de La Fayette pour France 2, et Podz, qui tourne pour Arte une série sur le visage de la porno.

Le talent québécois est nettement reconnu en France dans le milieu de la télé et du cinéma, et ce, plus que jamais.

Les producteurs sont prêts à brasser des affaires; il s'agit juste maintenant que les bureaucrates passent à l'action à la manière du Cirque du Soleil.

M. Macerola dit qu'il est prêt à «challenger» le milieu. Eh bien, ça passe d'abord par moins de règles, moins de papier, plus de résultats.

Il sera intéressant de voir s'il réussira à provoquer un tel changement en peu de temps. Chose certaine, les producteurs qui siégeront au comité n'ont plus de temps à perdre.

 

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