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La maudite galette célèbre ses 50 ans

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Premier long métrage de fiction réalisé par Denys Arcand, La maudite galette a célébré ses 50 ans cet automne, le film étant sorti en salle le 7 septembre 1972. Ce film de genre exceptionnel et relativement peu connu met en vedette de grands interprètes qui dépeignent avec finesse un certain milieu populaire montréalais dans lequel l'action baigne: Luce Guilbeault, Marcel Sabourin, René Caron et J.-Léo Gagnon.  

Éléphant a décidé de profiter de cet anniversaire pour redonner au film un peu d'attention bien méritée. En 2022, La maudite galette a d'abord été le sujet d'une nouvelle restauration, réalisée chez MELS à partir du négatif original 35mm et du son magnétique 35mm. Il a ensuite été présenté le 5 septembre à la Cinémathèque québécoise en présence de Denys Arcand et de Marcel Sabourin, qui nous ont aussi accordé une entrevue et ont plongé dans leurs souvenirs pour parler du tournage et de leur démarche. Enfin, il a été présenté en sélection officielle dans la prestigieuse section Lumière Classics au festival Lumière, un rendez-vous mondial incontournable du cinéma de patrimoine qui a lieu chaque automne à Lyon, la ville où est né le Cinématographe. Un bel honneur qui vient souligner à la fois la qualité du travail de restauration d'Éléphant et la grande valeur artistique de La maudite galette.

Vous trouverez dans ce dossier spécial des entrevues réalisées avec Denys Arcand et Marcel Sabourin, une nouvelle bande annonce du film, des photos de tournage, des photos de la présentation ayant eu lieu à Lyon et un texte de notre directeur Dominique Dugas paru dans notre infolettre du mois d'août.
 
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 «Le 7 septembre 2022, on célébrait le 50e anniversaire de la sortie du premier long métrage de fiction réalisé par Denys Arcand, La maudite galette

Même s'il avait déjà un peu touché au cinéma de fiction avec Seul ou avec d'autres (long métrage étudiant coréalisé en 1963 avec Denis Héroux et Stéphane Venne), c'est en 1972 que Denys Arcand arrivait véritablement au cinéma de fiction après s'être colletaillé au documentaire au sein de l'ONF pendant 8 ans. À l'époque il terminait Québec : Duplessis et après..., et son film précédent, On est au coton, était toujours interdit de diffusion par le commissaire de l'ONF Sydney Newman. 

En 1969, Denys Arcand demande à l'écrivain Jacques Benoit d'écrire un scénario à partir de la légende de La chasse-galerie. Peu convaincu par un scénario «assez mal construit» de l'aveu même de Benoit, Arcand rejette le projet et le scénariste lui propose alors l'idée de La maudite galette : Un couple de la classe populaire décide de commettre un vol chez un vieil oncle riche. Ils sont suivis à leur insu par leur pensionnaire, le vol tourne mal et ce dernier s'enfuit avec le magot. Après s'être acheté une fille et une grosse voiture américaine, il sera à son tour l'objet d'une traque qui finira mal. 

Le premier film de fiction de Denys Arcand sera donc un film de genre avec guns et fusils, un film de petit banditisme campé dans les milieux populaires montréalais. «Notre objectif en faisant ce film était donc de présenter une anecdote en apparence conventionnelle, qui satisfasse en apparence aux normes du cinéma commercial, et de subvertir ces apparences à l'aide de la mise en scène, de la photographie, de l'enregistrement du son, du jeu des comédiens, des décors, etc. Nous voulions pour ainsi dire faire un film faux et vrai. Vrai dans chacun de ses détails, mais en même temps faux dans son ensemble à cause de la distance que nous avons voulu prendre par rapport aux normes du cinéma conventionnel. Nous espérions que cette dichotomie produirait chez le spectateur un malaise (...). C'est dire que nous espérions faire un film insidieusement subversif (...).»

Le film, d'abord présenté au mois de mai à la Semaine de la critique au Festival de Cannes, sort le 7 septembre 1972 au Saint-Denis sous les éloges de la critique. Ces derniers soulignent l'aspect distancié de la mise en scène minimaliste (toute en plans fixes) de ce film noir à la québécoise, la justesse du portrait social, la qualité des interprètes, l'absence d'opposition morale entre les classes sociales, l'humour cynique. 

Parmi le concert d'éloges, on retient la voix de Robert Lévesque, alors directeur des pages culturelles de Québec-Presse, qui résume bien l'enthousiasme avec lequel le film a été accueilli et l'importance qu'on y voyait: «Comme Michel Tremblay et André Brassard avaient bouleversé le théâtre québécois, en 1969, en présentant au Rideau-Vert Les belles-soeurs, Denys Arcand et le scénariste Jacques Benoit bouleversent le cinéma québécois avec leur «Galette». Dans leurs domaines respectifs, ces deux événements sont d'égale importance. Dans la démarche générale de la culture québécoise, ils sont ces jalons qui se suivent. À quatre ans d'intervalle. Donc, dans La maudite galette, il y a beaucoup de choses neuves. Les principales sont le milieu social sur lequel le regard du cinéma québécois se pose pour la première fois, et le ton qu'a adopté le cinéaste pour parler de ce milieu. »

Pourquoi ce choc initial provoqué par le film, le jalon qu'il représentait dans l'histoire du cinéma québécois selon Lévesque, a-t-il été occulté?  Sans aucun doute s'explique-t-il en grande partie par l'accumulation de grands films réalisés par Arcand, de telle sorte qu'on a oublié à quel point La maudite galette est une oeuvre majeure de notre cinéma. Peut-être aussi que l'aura et l'impact du cinéma direct sur notre vision des premières décennies du cinéma québécois nous a-t-il fait oublier l'importance d'un film de genre au travers d'une cinématographie qui se conjuguait bien davantage avec le cinéma du réel qu'avec le cinéma de genre? 

Découvrir ou redécouvrir La maudite galette en 2022, c'est s'exposer à un choc et à un plaisir cinématographique sans nul autre pareil, mais c'est également l'occasion de jauger la richesse et la diversité du cinéma de Denys Arcand, tout en constatant l'acuité du regard sur la société québécoise dont il fait preuve depuis 50 ans.»  


Vidéos du dossier

La maudite galetteBande annonce du film (nouvelle restauration 2022)

Denys Arcand nous parle de la démarche derrière son premier film de fiction, La maudite galetteLe réalisateur Denys Arcand, qui a commencé sa carrière en tournant des documentaires, nous explique comment ce type de cinéma a laissé une marque qui ne l’a jamais quittée et qui a influencé son travail de fiction de façon durable.

Denys Arcand nous raconte comment il a engagé J.-Léo Gagnon pour La maudite galetteLors de la projection de la version restaurée de La maudite galette à la Cinémathèque québécoise, Denys Arcand nous a raconté comment J.-Léo Gagnon en est venu à jouer dans son film après avoir été banni à vie de Radio-Canada dans les années 60.

Marcel Sabourin parle de sa complicité avec Luce GuilbeaultMarcel Sabourin parle de la grande complicité qu’il a développée avec Luce Guilbeault alors qu’ils étaient tout jeunes. Il évoque leur intérêt partagé pour le théâtre américain et leur vision commune du jeu en cinéma qui différait de la majorité.

 
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