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Projection de la version restaurée du film Le curé de village le 7 mars à la Cinémathèque québécoise

Publié le 28 février 2023
Éléphant - Ovila Légaré dans Le curé du village (1949), dont la version restaurée sera présentée le 7 mars à la Cinémathèque québécoise.
Dans le cadre de ses projections mensuelles à la Cinémathèque québécoise, Éléphant est heureux de présenter sur grand écran un des plus vieux films tirés de son répertoire de films restaurés : Le curé de village (1949), de Paul Gury. La projection aura lieu le mardi 7 mars à 18h.

L'histoire derrière la production de ce film est des plus intéressantes. À l'origine, Le curé de village était un populaire radioroman, le premier produit au Québec, écrit par Robert Choquette et diffusé sur les ondes de CKAC de 1935 à 1938. Il racontait quotidiennement les tribulations des habitants d'un village anonyme dont la figure du curé symbolisait la conscience de ce village à travers sa sérénité et son humanité. Alors que dans les années 40 nait une petite industrie du cinéma avec la création de deux sociétés de production, Renaissance Films et Québec Productions, l'adaptation de radioromans pour le grand écran représente une manne. Ce sera surtout le cas pour Québec Productions qui, après l'échec de La Forteresse/Whispering City avec lequel la société souhaitait conquérir le marché international, va faire ses choux gras de l'adaptation des radioromans d'Un homme et son péché et du Curé de village. Les deux films vont constituer d'immenses succès locaux. 

Dix ans donc après la fin du radioroman Le curé de village, Robert Choquette fait revivre ses personnages pour le cinéma, et c'est ainsi que les Ovila Légaré (le curé), Lise Roy (Juliette Martel), Paul Guèvremont (Frenchy Martel), Denis Drouin (Lionel Théberge), Camille Ducharme (le notaire Bellerose), Guy Maufette (Noiraud Toupin) et pleins d'autres reprendront leur rôle une décennie après les avoir quittés.  On notera également la présence de Juliette Huot et de Denise Proulx dans des rôles secondaires.

Le producteur Paul L'Anglais confie la réalisation du film à Paul Gury, un acteur, dramaturge et scripteur radiophonique d'origine bretonne (de son vrai nom Loïc Le Gouriadec), qui vient tout juste de terminer la réalisation d'Un homme et son péché, grand succès populaire du début de l'année 1949. Le curé de village, dont le budget de production oscille autour de 65 000$, est tourné dans les studios de Québec Productions à Saint-Hyacinthe et dans le village de Saint-Damase en Montérégie.

Le film sort au Théâtre St-Denis le 11 novembre 1949 et la critique de l'époque, bien peu généreuse envers le cinéma «canadien» naissant, ne lui offre bien peu d'égards, alléguant que son sujet «est lamentablement Bibliothèque Rose» (1), mais reconnaissant de façon condescendante que ses acteurs pourront rendre le «spectateur canadien heureux de voir ses compatriotes faire du cinéma» (2). Le film sera tout de même plébiscité par le public comme l'avait été quelques mois plus tôt Un homme et son péché, et comme le sera quelques mois plus tard Séraphin, troisième et dernier film réalisé par Gury pour Québec Productions. Le succès est tel que Radio-Canada reprend sur ses ondes en 2e diffusion, de 1949 à 1955, le radioroman Le curé de village

Aujourd'hui, avec son humour bon enfant, la qualité des dialogues de Robert Choquette et l'interprétation vivante de ses comédiens, Le curé de village apparaît comme un des films les plus réussis de cette époque du cinéma québécois naissant.

1. Jean Vincent, «Le curé de village» dans Le Devoir, 12 novembre 1949
2. Jean Béraud, «Idylle lentement racontée dans Le curé de village» dans La Presse, 12 novembre 1949

SYNOPSIS

Un bagnard en fuite revient dans son village natal pour y revoir sa fille qui le croit mort. Le curé intervient pour éviter un scandale qui rejaillirait sur la jeune fille à la veille de se marier. Tourné il y a 50 ans, ce film surprend par la maîtrise du langage cinématographique dont fait preuve Gury. Les mouvements d'appareils, les angles de prises de vues, les effets narratifs ou symboliques qui paraissent aujourd'hui certes faciles, tranchent pourtant agréablement avec la platitude générale des mises en scène de cette première épopée industrielle du cinéma québécois.

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